Réseau de désinformation russe : des responsables politiques français payés pour propager la propagande russe

Des politiques allemands, français, polonais, belges, néerlandais et hongrois ont été payés par Voice of Europe pour influencer les prochaines élections du Parlement européen.
Des politiques allemands, français, polonais, belges, néerlandais et hongrois ont été payés par Voice of Europe pour influencer les prochaines élections du Parlement européen.

Source : AFP & BBC


À quelques semaines des élections européennes, les services de renseignement de la République Tchèque ont annoncé avoir découvert un réseau financé par Moscou. Via le site web Voice Of Europe — actuellement indisponible — le Kremlin distillait de la propagande prorusse et anti-ukrainienne. Toujours selon les services du renseignement, l’influence de cette officine allait jusqu’au Parlement européen.

Selon la BBC, citant Der Spiegel, des responsables politiques dont des Français, auraient perçu des rémunérations, soit en espèce, soit en cryptomonnaie. Le Premier ministre belge Alexander De Croo a indiqué, devant la Chambre des représentants belge — équivalent de notre Assemblée nationale — « il s’agit de parlementaires touchant de l’argent ». 

Ce n’est pas la première fois que les eurodéputés sont pris dans une tourmente liée à de l’ingérence étrangère. Le Qatargate a eu lieu il y a un an. Selon l’AFP, la tête de liste Renaissance Valérie Hayer a écrit à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola pour réclamer l’ouverture d’une enquête interne « immédiate et transparente, en coopération avec les autorités nationales ».

Elle s’exprime auprès de l’AFP « les électeurs doivent savoir si les eurodéputés ou candidats travaillent avec le soutien de la Russie ou de ses mandataires, la démocratie en Europe doit être défendue à tout prix contre ces menaces ».

Elle n’est pas la seule à formuler une demande d’enquête : les Verts le demandent également. On comprend l’urgence de la situation, d’autant que le Parlement européen peut décider de certaines dispositions concernant les aides à l’Ukraine et que le Kremlin a tout intérêt à ce que les Européens soient divisés sur ce sujet.

De la même manière, il ne serait pas étonnant que les mêmes ingérences surgissent aux États-Unis. 

Si le site Voice of Europe n’est plus disponible en ligne, ses comptes de réseaux sociaux sont toujours accessibles. Son compte Twitter recense 182 435 followers, dont le député européen français Philippe Olivier. Ce dernier fait déjà l’objet de certains soupçons de connivences envers le Kremlin et avait eu les honneurs de Complément d’enquête, de la commission d’enquête sur les ingérences étrangères et du Projet Arcadie. D’après la BBC, « Les médias tchèques, citant des sources de renseignements, ont rapporté que des politiciens d’Allemagne, de France, de Pologne, de Belgique, des Pays-Bas et de Hongrie ont été payés par Voice of Europe afin d’influencer les prochaines élections du Parlement européen ». 

Le site n’est pas récent : il semblerait qu’il date au moins de 2014. Il était disponible dans plusieurs langues et en faisant une analyse rapide, on s’aperçoit qu’il était très bien référencé par d’autres médias tels que le Washington Post, mais aussi par Wikipédia. C’est donc un réseau assez ancien qui vient d’être débusqué.

À notre connaissance, les autorités françaises n’ont pas encore communiqué sur ce sujet. Hasard du calendrier : cette information a été révélée au public mercredi, jour où l’Assemblée nationale votait la proposition de loi de Sacha Houlié sur les ingérences étrangères et que les députés Laurent Esquenet-Goxes et Jean-Jacques Gaultier commençaient les auditions de la mission flash sur les ingérences étrangères dans les médias.